Elsa Wolliaston, One Step...Une Grande Marche.

Avec Elsa à One Step. Juillet 2013
Octobre 2017
Il y a environ...disons...10 ans (j'arrondis un peu, histoire d'alléger de quelques grammes d'années le poids du temps qui s'écoule), alors que j'allais monter à Paris comme on dit, Magali Carrier, avec qui j'ai découvert les danses africaines, m'inscrivait sur un bout de papier  ceci : Wolliaston Elsa Studio One Step  01 43 57 74 20 , et me disait "vas voir là-bas".
Ni plus, ni moins, laissant tout le champ libre à la surprise d'une découverte.

Après plus d'un an passé dans la capitale à prendre mes repères, à re-chercher, re-trouver des marques, à expérimenter des cours de danse dans ce qui représentait pour moi, à ce moment là, une gigantesque jungle urbaine abritant une faune inhabituelle; je suivai enfin les mots du petit bout de papier blanc qui m'amenèrent rue du Faubourg du Temple, franchir le seuil d'une porte en sous-sol pour entrer dans l'univers dansé d'Elsa Wolliaston.

C'était un samedi de mai, lors d'un stage week-end. Un souvenir très prégnant, un moment mémorable, de ceux que l'on garde à l'esprit en majuscules, grands caractères, gras, soulignés...
L'enseignement  d'Elsa a immédiatement touché mon corps d'une évidence instinctive, ses danses me parlaient un langage familier. Alors cette certitude : c'était ici que je devais m'arrêter un temps danser, explorer ça de plus près.

Remplacement d' Elsa avec Le Maestro Jean-Yves Colson.2011 
Un peu avant, j'avais commencé à travailler avec Norma Claire, j'y trouvais là un fil conducteur, un écho, une suite. Je me rendais donc aux cours assidûment jusqu'au moment où, quelques mois plus tard,  Elsa eut besoin de quelqu'un pour faire un bout de ménage à One Step. Un troc. J'ai sauté sur l'occasion, et je peux dire que passer l'aspirateur n'a jamais eu autant d'attrait que celui me permettant de pratiquer  cet art qui m'animait de plus en plus intensément et, qui plus est, auprès d'une danseuse émérite. 


De fils en aiguilles, ou plutôt, de coups d'éponge en valses de poussières, j'ai rejoint le "bureau" One Step comme le nomme Elsa, l'assistant alors dans son travail pédagogique et artistique...une sacrée Dame! Un chemin de 9 années jalonné entre autre d' escapades à Berlin, des films de Claude Hirsch et de Yves Coméliau, du travail d'improvisation autour d'un texte du regretté Hervé Dalmais, des remplacements d'Elsa avec le magistral Jean-Yves Colson, de la puissance remarquable des frappes au djembé de Bruno Besnaïnou, des rituels des cours, la tenue de la caisse en carton, les rendez-vous au café après ou avant les cours et j'en passe...

Puis, et pas des moindres, toutes  ces personnes d'ici, d'ailleurs, croisées au fil de ce tempo là. Femmes et hommes de tous âges, ados, enfants, visiteurs, danseurs, érudits, amateurs, curieux, accros, adeptes, sceptiques, timides, interloqués...rarement indifférents. Les habitués, les passagers, les en transit, les partis, revenus, repartis, souvent revenus... Et du passage, c'est peu dire qu'à One Step il y en a !
A l'exploration du mouvement dans la répétition, le rythme et l'improvisation, aux états extatiques d'ancrages et d'envols que me faisait traverser cette danse (je fais court...), s'agrémentait le lien social, les connexions qu'offre cette pratique ancestrale et qu' Elsa a su brillamment recréer dans ce lieu parisien unique, cette bulle hors du temps, si ce n'est celui de la musique. Pour moi qui étais arrivée à Paris en terre inconnue, et qui malgré la très ( trop) forte densité d'habitants, côtoyais de près la solitude "mégalopole-ienne", l'ensemble de ces énergies là me portait, m'accompagnait, me soutenait, me guidait tout en m'ouvrant de nouveaux horizons.

Evidemment, à côté de cela j'allais nourrir ma danse d'autres enseignements,  j'éprouvais un besoin frénétique de danser intensivement. Mais je revenais à One Step comme on rentre au bercail et ça, c'était inégalable.

Et aujourd'hui encore, quand il m'arrive de retourner re-bondir sur ce beau parquet, c'est souvent habitée par cette même impression de "rentrer à la maison", mais forcément différemment, puisque y tenant une autre place.
Bien oui, est arrivé le moment inévitable de tourner cette page. Un ample mouvement de vie, un autre step...Et, naturellement, cela n'a pas été sans pincements de coeur. Cet espace, Elsa, l'équipe du bureau, Béa, Guylaine, Bernadette tenaient une place importante et structurante dans mon quotidien. Mais voilà, todo cambia, les choses changent, bougent, évoluent ( cette loi de la nature terrestre si simple, si juste... ).

Et à présent, où je vois cette expérience avec du recul ou plutôt de l'avancée,  j'en garde les traces vives d'une danse inspirante, stimulante, un moteur porteur d'énergies, d'élans et de créativité. Une empreinte indélébile qui aura fortement marqué et défini les contours de mon parcours de danseuse et à fortiori de vie, car c'est bien au travers des mouvements que se rythment nos existences... N'est-ce pas !
Elsa Au café Le Temple d'Or.
Juillet 2013

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